Encore quelques années, et la maison Kammerzell près de la place de la Cathédrale de Strasbourg fêtera ses 600 ans. Oh, si les murs avaient pu parler, combien d'histoires et de noms nous aurions entendu. La « Vieille Maison », comme on l'appelait jusqu'au milieu du XIXe siècle, nous aurions parlé du tisseur Hans Jæger, qui a été le premier à la construire en 1427. Et elle aurait parlé de Martin Braun, un marchand de fromage, qui à la fin du XVIe siècle a ordonné de tout démolir sauf l'étage inférieur, avec des arches en pierre, mais à la place il en a construit trois nouveaux. Et afin de mettre en valeur sa richesse, les meilleurs artisans du bois ont reçu l'ordre de décorer la façade de sculptures, de sorte que les rumeurs se répandent dans toute la France et l'Allemagne. Après Braun et ses descendants, la maison est passée à l'épicier Philippe-François Kammerzell et depuis le milieu du XIXe siècle, elle porte son nom.

Le gothique tardif, le pan de bois, la Renaissance - les styles se complétaient, sans interférer, mais créant un ornement fantaisiste autour de 75 fenêtres et dans les espaces entre les étages. La maison regorge de symboles et d'allégories, vous pouvez vous promener pendant des heures, déchiffrer les messages de maîtres lointains. Par exemple, il y a trois figures féminines sur les coins extérieurs des étages. Ce sont la Foi, l'Espérance et l'Amour, les principales vertus chrétiennes, aux pieds de chacune, il y a un oiseau, qui est aussi un symbole, dans ce cas, ce sont le Christ et ses commandements. Les musiciens sont représentés avec des instruments : un orgue, un tambour, une harpe, des castagnettes, leurs figures symbolisent la joie qui accompagne le nom du Christ. Il y a encore cinq sens humains, cinq figures féminines (avec un miroir, une fleur, une pelote, une corbeille de fruits, une viole à la main). Cinq hommes symbolisent les étapes de la vie - d'un enfant chevauchant un bâton à un crâne. « Neuf digne » sont des images médiévales des meilleurs hommes et femmes (de Lucrèce et Virginie à Jules César et Alexandre le Grand).

Les fresques à l'intérieur de la maison ont été réalisées par l'artiste local Leo Schnug au début du XXe siècle (« La Nef des fous » et « Le tourment de Tantale »). Tout le monde est autorisé à entrer dans la maison de Kammerzell. Là, il y a un hôtel et un restaurant où chacun peut toucher l'histoire.