C’est Rodolphe Ier de Habsbourg qui a posé la première pierre de la construction du couvent des Dominicains en 1279. Déjà à cette époque, l’Alsace était un territoire disputé entre les Francs et les Allemands. Au cours des 700 prochaines années, ces terres ont changé de propriétaire dix fois, de sorte que les habitants de Colmar sont toujours multiculturels.

L’église s'est avérée assez stricte, sans excès, dans un style typique des ordres mendiants comme les Dominicains. Ce n’est qu’au XVIIIe siècle, après un autre l’incendie, que des « excès » de style baroque ont été ajoutés lors de la restauration de l'édifice. Mais même maintenant, le couvent des Dominicains semble très ascétique sur le fond des maisons à colombages et des bâtiments de style gothique. La décoration intérieure ressemble à celle d'extérieur. Elle comprend de fines colonnes hautes sans chapiteaux, des fresques pâles sur les murs et des vitraux du XIVe-XVe siècle, représentant des scènes de la vie des saints. Mais les intérieurs modestes nuancent encore plus la beauté douce du chef-d’œuvre qui se trouve à l’intérieur de l’église depuis 1473.

Il s’agit du retable « La Vierge au buisson de roses » créé par l’artiste local Martin Schongauer spécialement à la demande des dominicains. La peinture religieuse (255 × 165 cm) est faite finement, gracieusement et harmonieusement en couleur du style de gothique tardif. L’artiste a représenté la Vierge au milieu du jardin fleuri, avec l'enfant Jésus dans ses mains. En arrière plan, il y a le treillage de bois couvert de roses blanches et rouges. Les fleurs (les iris et les pivoines), ainsi que les oiseaux (le moineau et le rouge-gorge) sont représentés de manière poétique et touchante. Deux anges tiennent la couronne dans leurs mains au-dessus de la tête de la Vierge. Toute la peinture est pleine de symboles. La rose rouge est la fleur de la Vierge Marie, la rose blanche est le symbole de la mort, les lys sont le symbole des martyrs, tandis que les fraises symbolisent le sang du Christ, le moineau est le symbole de la modestie, et le rouge-gorge symbolise la mort et la résurrection. À la fin du XVIIIe siècle, le tableau a été volé pour la première fois. Plus tard, il a été trouvé, mais il a été endommagé, quand quelqu’un a coupé le haut, avec l'image de Dieu le Père et du Saint Esprit. On a fabriqué un étui en or pour la «Vierge ». La deuxième fois, la peinture a été volée en 1972, et a été trouvée à Lyon seulement un an plus tard. Après cela, l'église avec la peinture retournée a reçu le statut d’un musée et a été équipée d’une garde fiable.