Les arrestations massives, l’extermination et l’expulsion, les conversions forcées et autres atrocités… Aujourd'hui, il est même difficile d'imaginer que tout cela s'est réellement passé. Douze mille Serbes et Juifs ont été arrêtés en 1941 dans la ville bosniaque de Bihać. Tous ont été exécutés au lieu-dit Garavice et dans les environs. Des milliers d'innocents ont été victimes du génocide. Leurs corps ont été jetés dans des fosses communes inconnues. Les proches qui ont miraculeusement échappé à la mort n'ont même pas pu honorer leur mémoire, mais ils ne les ont pas oubliés.

Près de 40 ans plus tard, sur le site de l'horrible massacre, le parc commémoratif de Garavice a été fondé par le célèbre architecte serbe Bogdan Bogdanović. Sur une haute colline verdoyante du parc commémoratif, il y a 15 obélisques de pierre de plus de 5 mètres de haut. Treize d'entre eux sont installés autour de la crête de la colline, et deux sont au loin. Ce que l'auteur voulait transmettre exactement en organisant les monuments de cette manière reste un mystère non résolu à ce jour, mais le spectacle d'ensemble fait une impression indélébile.

Tous les obélisques sont faits de matériaux différents. Certains sont en pierre, d'autres en béton et en métal. Chacun se compose de cinq blocs séparés empilés les uns sur les autres et décorés de motifs abstraits inhabituels. Certaines des gravures rappellent l'art populaire des habitants, ainsi que des Serbes et des Juifs. Un autre monument accueille les visiteurs à l'entrée. L'inscription sur cette pierre se lit comme suit : « La vie est plus forte que la mort, la justice est plus forte que le crime, l'amour est plus fort que la haine.

Tout dans cet endroit est littéralement imprégné du chagrin. Il semble que même l'air ici soit un peu spécial, et le vent hurle sur la colline d'une manière spéciale. Il est rare de voir d'énormes bouquets de fleurs ici, ce qui est d'usage de déposer sur les tombes, mais personne ici n'en a besoin. Il suffit que les victimes ne soient pas oubliées, que des descendants viennent ici honorer la mémoire des morts tombés dans une lutte inégale pour leur foyer, pour leur ville natale.