La ville industrielle de Charleroi dans la province wallonne du Hainaut a un peu plus de 350 ans. En comparaison avec d’autres villes belges, telles que Bruxelles, Bruges et Liège, Charleroi vient d’avoir l'âge de la jeunesse. C’est pourquoi, industriellement, cette ville a été développée plus que d'autres, par contre, elle n’a pas assez de patrimoine culturel. Mais que faire s'il n’y pas de patrimoine culturel ? Alors il faut le créer soi-même !

Lorsque les gens se familiarisent avec l’exposition d’art moderne au musée BPS22 (d’ailleurs, le nom est seulement l’adresse cryptée), ils sont frappés par l'audace et la responsabilité sociale des créateurs. La ville de Charleroi ne possède pas d'établissements d'enseignement, où il est possible d’acquérir une profession créative, donc c’est le musée qui a pris en charge les fonctions éducatives. En fait, il s’agit d’une plate-forme pour exprimer son opinion sur le monde, ici, on est prêt à accepter toutes sortes d'art et, si nécessaire, à aider. Il y a, bien sûr, sa propre collection. Le budget pour l’achat est très modeste, mais le musée abrite des œuvres de maîtres reconnus de l’art moderne, tels que Jan Fabre, Miriam Cahn et Teresa Margolles.

Le musée ne possède pas d’exposition permanente, bien que le fonds de stockage compte déjà de 7000 unités. La collection change environ 3-4 fois par an et chacune est consacrée à un thème social sensible, à savoir les droits des femmes, les droits des minorités sexuelles, ainsi que la lutte contre la toxicomanie et la censure des œuvres d’art. Les expositions montrent des installations géantes plutôt que les peintures classiques habituelles dans des cadres anciens. Une petite salle est dédiée à l'art postal et aux zines. Les zines sont des publications à petit tirage ou des manuscrites consacrées à un thème ou à un héros, tandis que l’art postal représente des enveloppes et des timbres peints avec divers sujets. De plus, une enveloppe ne devient une œuvre d’art que lorsqu’elle a reçu une oblitération et qu'elle a été envoyée par la poste et livrée au destinataire.

Le musée BPS22 a un grand rôle dans le plan de reconstruction et de « renaissance » à grande échelle de Charleroi, accepté par le gouvernement. L’objectif principal est de réduire l’exode de la population, en particulier des jeunes, de la ville et attirer les flux de touristes préférant les villes belges plus « anciennes ». En conséquence, le musée devrait devenir un véritable centre d’art, une plateforme pour l’expression des opinions dans l’art, et une école pour tous ceux qui veulent apprendre à s’exprimer dans la créativité.